Le futur viti/vinicole est-il dans la biodynamie ?


La biodynamie c'est quoi ? Jusque là j'étais focalisé sur la fameuse corne de vache qu'on fourre de purin et qu'on enfouit entre les rangs de vigne... Bon OK , ça c'est le cliché mais cette méthode existe vraiment. Mais au delà de cette anecdote, la biodynamie c'est une recherche de faire bien, faire bon et faire sain, à l'écoute de la terre et de son interaction avec les mouvements quotidiens, mensuels, annuels du soleil et de la lune. Certes, on a souvent tendance à prendre les gens qui s'investissent dans la biodynamie pour des fous, pour des baba cool, des bisounours et comme l'a écrit de manière très drôle le Glourafi, "la seule contrainte pour être certifié en biodynamie sera d'avoir les cheveux longs" Mais ce n'est pas vraiment le type de personne que j'ai rencontré lors d'une conférence sur le sujet à l'invitation de 3 étudiants en BTSA viticulture - oenologie à la MFR de Vayres entre Bordeaux et Libourne qui s'est tenue quelques jours seulement.  Pour moi, cette méthode de culture de la vigne à l'écoute des sols avec un retour aux fondamentaux de la chimie et de la physique, n'est pas une simple lubie de gentils illuminés qui ont des WC aux copeaux de bois, des panneaux solaires partout et coupés du monde. 
Non c'est bien plus complexe que cela. Je dirais que c'est avant tout un état d'esprit. Une envie de faire autrement, pas forcément pour se démarquer mais pour avant tout assouvir une soif personnelle, de culture de la vigne. Les gens qui font ce type de vin ont tendance à s'oublier personnellement au profit de leurs vignes et la foi qu'ils ont en la nature force l'admiration.

C'est pour moi, une phase finale dans la manière de cultiver un vignoble basée sur l'observation de la nature et à laquelle on donne un tout petit, uninfime coup de pouce lorsque le besoin s'en fait sentir. Auparavant, on ne tenait pas compte de l'état sanitaire des parcelles de terre autrement que celui de la vigne seule. Toute vie autre que les ceps était éradiquée et les sols petit à petit, se sont appauvris.
La Biodynamie ce n'est pas une sinécure, il faut l'avouer. Celui qui du jour au lendemain, veut être certifié biodynamie a une longue route devant lui. Il faut que la totalité des domaines (pour ceux qui auraient plusieurs  domaines) soit déjà en bio, pas juste un ou deux non, la totalité. Vous avez 3 petites vignobles différents ? Les 3 doivent avoir le même mode de culture.Ensuite il faut respecter un cahier des charges très strict à l'inverse de ce qu'on pourrait penser et ce sur 1,2 ou 3 ans avant de pouvoir prétendre à la certification. Et ce cahier des charges, 3 organismes sont là pour valider et certifier votre exploitation dont les plus connus sont sans doute le label DEMETER ou encore Biodyvin. Ils sont les garants du respect des règles et du non emploi de pesticides et autres produits dont les molécules sont synthétiques.

Cela implique pour le vigneron, une surcharge de travail qui est très conséquente mais qui reste gérable quand on est passionné et quand on sait où l'on va comme l'a expliqué Philippe Betschart, un des intervenants de la soirée et également propriétaire du Château des Graves de Viaud en Côtes de Bourg.

Le Sauternes 2007 de Alain Déjean, un doux ovni dans le paysage du sauternais

Mais ce qui était autrefois considéré comme une lubie de quelques uns est désormais devenu un exemple pour de plus en plus de grandes et médiatiques propriétés telles que Château Palmer à Margaux ou encore Pontet-Canet à Pauillac et plus récemment le Château Pédesclaux (dont je vous parle de ma visite très prochainement sur le blog) qui cherche à s'y mettre avec un essai sur quelques  hectares pour l'instant.  Ces grandes maisons servent de levier pour tous les petits vignerons qui s'acharnent depuis des dizaines d'années . Et les confidences de quelques autres domaines me font penser que nous sommes à l'aube d'une nouvelle révolution agricole : le respect fondamental des sols, source de diversité et d'originalité des vins mais qui ne pourra se faire du jour au lendemain sans palier d'apprentissage et  non sans mettre de l'eau dans son vin si vous passez l'epxpression. Personne ne peut se prétendre être en biodynamie au premier jet. Il faut je pense, acquérir une certaine méthodologie issue de l'agriculture conventionnelle pour ensuite passer petit à petit en biodynamie afin de faire un transfert de savoir et de méthodes à adapter en bio.
Bref c'est un long chemin qui se présente à nous mais qui, j'en suis persuadé, sera bénéfique et enrichissant pour tous. Reste la question de la qualité des vins et surtout de leur garde dont personne n'a pour l'instant su me répondre et qui reste pour moi la grande inconnue de cette méthode de culture de la vigne.
Mais dans notre région qui est culturellement la dernière a être entrée dans cette ère de reconversion, et qui jusque là était assez hostile à ces méthodes "naturelles" commence enfin à se remettre en question et à se rendre compte de ses bienfaits. Mais tout n'est pas rose non plus, on ne pourra pas abandonner à 100% l'agriculture traditionnelle dont certaines méthodes permettent d'élever des vins d'une qualité rare. 

Quelques chiffres pour le bordelais
La biodynamie à Bordeaux c'est pour l'heure 29 domaines certifiés pour un total de 663ha.

La preuve concrète qu'on peut faire un vrai Bordeaux avec du caractère, complexe, sur le fruit et être en biodynamie. Les vins de Thierry Valette à Belvès  de Castillon sont très gourmands. Belle découverte. 

Clos Les Mets d'Âmes  avec un excellent Pacherenc du Vic-Bilh sec. Joli travail et gourmand

Commentaires

Articles les plus consultés